Parlons de … Six Versions et les traumatismes psychologiques

Six versions, la tuerie Macleod.

Vous pouvez lire la version spoiler du roman ici.

Dans un format de transcription de podcast revenant sur des affaires classées, Six Versions livre une enquête particulière. L’écriture fluide et structurée permet de s’immerger aisément dans le récit. Les interviews des personnes liées à l’affaire ajoutent une dimension authentique. Bien que fictive, l’œuvre crée l’illusion de véritables personnes grâce à un ton réaliste et un développement approfondi des personnages. L’auteur excelle dans l’écriture des protagonistes, dressant des portraits psychologiques saisissants. En exploitant différents moyens de narration, Matt Wesolowski propose des histoires très réalistes, flirtant pourtant avec le surnaturel.

Dans La Tuerie Macleod, l’auteur aborde un sujet complexe : la culpabilité avouée d’un meurtre commis par une personne en détresse psychologique. Avec un réalisme frappant, il décrit comment la justice a préféré envoyer Arla Macleod en clinique psychiatrique plutôt qu’en prison. Une décision qui a suscité une vive controverse et une haine féroce de la part du public. Les gens ont considéré qu’elle n’avait pas reçu la peine méritée.

Les faits, tels que rapportés par la presse et Arla Macleod elle-même, montrent qu’elle a assassiné toute sa famille de sang-froid, sans situation de légitime défense. Cependant, plus on avance dans le récit, plus il devient évident qu’Arla, déjà fragile psychologiquement, a subi un événement traumatique qui l’a plongée dans une spirale de troubles et d’hallucinations. Malgré ses appels à l’aide, personne dans son entourage n’a su ou voulu comprendre l’ampleur de sa détresse. Ce qui l’a mené à cette nuit fatidique.

Cette plongée dans les abîmes de la psychologie humaine me fascine. Narrativement, ce procédé crée des effets de surprise et des rebondissements saisissants. Il établit également un lien empathique avec la personne souffrant de ces troubles. Un traumatisme implique une grande souffrance. Même lorsqu’il s’agit de l’antagoniste, il est difficile de ne pas éprouver de la compassion. Ce procédé sensibilise aux répercussions de certains événements sur toute une vie. Il aide à mieux accepter et comprendre ces sujets dans la société. Mettre en lumière la souffrance psychologique permet de créer cette empathie et de dissiper la peur née de la méconnaissance.

Cependant, il s’agit aussi de roman noir. Ne vous attendez pas à des histoires tranquilles ; la sensibilisation est secondaire ici. Les récits sont toujours violents, avec des traumatismes extrêmes et des réponses tout aussi fortes. Bien que je préfère les récits empathiques envers les personnages en souffrance, cela peut également donner lieu à des antagonistes presque attachants. Ils montrent des histoires complexes qui nous font réfléchir sur les relations humaines. Les auteurs aiment jouer avec l’ambiguïté des hallucinations ou des déformations de la réalité. Ils rendent ainsi les protagonistes peu fiables et le mystère du récit d’autant plus intrigant.

 

Sans plus tarder, voici mes recommandations de lecture ! Si les intrigues explorant les traumatismes psychologiques ou les problèmes psychiatriques vous intéressent. 

 

• La maison des mensonges de John Marrs. Dans cette maison, vivent la mère et la fille. La première vit prisonnière de la seconde, recluse dans le grenier. Vengeance, cruauté et maltraitance ont marqué leur vie commune depuis toujours. Mais qui est vraiment la victime et qui est le véritable bourreau ? 

 

• La dernière maison avant les bois de Catriona Ward. Dee vient d’emménager au fond de l’impasse de Needless Street, bien décidée à percer les mystères de son voisin Ted. En effet, elle le pense responsable de la disparition d’une enfant, onze ans auparavant. Un jeu du chat et de la souris très éprouvant ! 

 

• Mirrorland de Carole Johnstone. Lorsque sa jumelle disparaît sans crier gare, Cat est obligée de revenir dans leur maison d’enfance. Maison où sa sœur s’était installée avec son mari. Des indices trouvés sur les lieux semblent la pousser à retourner fouiller dans son passée, du côté de Mirrorland. Un lieu pourtant imaginaire qu’elles avaient créé pour fuir un quotidien horrible. Imaginaire peut-être, mais qui a pourtant bien des secrets à dévoiler…

 

• Shutter Island de Dennis Lehane (Le livre dont est tiré le film du même titre). Le marshall Teddy Daniels et son équipier Chuck Aule sont envoyés sur Shutter Island, asile pénitencier lugubre, pour enquêter sur l’évasion d’une patiente. Sur place, rien ne se passe comme ils l’espéraient. Le personnel est hostile, les patients mutiques et des zones entières inaccessibles. L’évasion semble de plus en plus être une disparition suspecte. Et l’équipier de Chuck n’est peut-être pas venu pour les mêmes raisons que lui… Un huis clos angoissant et déroutant !

 

• Thérapie de Sebastien Fitzek. Une jeune fille qui disparaît, un père psychiatre éploré, une romancière inconnue qui vient toquer à sa porte 4 ans plus tard. Et qui lui explique qu’elle souffre d’une étrange forme de schizophrénie : tous les personnages qu’elle imagine prennent vie sous ses yeux. Son dernier roman en date ? L’histoire d’une jeune fille similaire en tout point à celle disparue, et qui elle aussi s’évanouit dans la nature… Il n’en faut pas plus pour que le père et le lecteur se retrouvent pendu à ses lèvres !   

 

• Les refuges de Jérôme Loubry. Chargée d’aller vider la maison d’une grand-mère qu’elle connaissait peu, Sandrine se retrouve à arpenter une petite île perdue. Une île où seules des personnes âgées vivent encore. Pleine de secrets et d’un lourd passé, l’histoire du lieu et de sa grand-mère se dévoile peu à peu à la jeune femme. Jusqu’à ce que tout s’accélère et qu’on la retrouve errant sur la plage, couverte de sang… Un dénouement magistral qui laissera le lecteur complètement sonné ! 

 

 

Films  

• Ghostland de Pascal Laugier. Colleen et ses deux filles héritent d’une maison perdue au milieu de nulle part. Malheureusement pour elles, deux meurtriers sadiques les ont repéré et les piègent à l’intérieur. A l’issue de cette horrible nuit, chacune essaye de se reconstruire comme elle peut, mais les cauchemars persistent. Et les voilà, 16 ans plus tard, de retour dans la maison… Un film classé épouvante-horreur, attention aux âmes sensibles : beaucoup de scènes sont vraiment éprouvantes. 

 

• Le secret des Marrowbones de Sergio G. Sánchez. Traumatisés par un père tyrannique enfin parti, la famille des Marrowbones a juré de rester toujours ensemble et soudée. C’est pourquoi lorsque leur mère décède, ils décident de le cacher au reste du village pour que la fratrie ne soit pas séparée. Mais le monde extérieur trouve toujours un moyen d’entrer… Une histoire triste à l’atmosphère étrange, rappelant un peu “nous avons toujours vécu au château”de Shirley Jackson.

 

• Les intrus de Charles Guard et Thomas Guard. Après un séjour en hôpital psychiatrique suite à la mort tragique de sa mère, Anna rentre enfin chez elle. Elle découvre alors avec stupeur que son père s’est remarié. Persuadée que sa nouvelle belle-mère lui veut du mal, elle ne peut compter que sur l’aide de sa sœur dans ce coin reculé. Comment faire comprendre à leur père que sa nouvelle femme est maléfique ? L’adaptation américaine du film coréen Deux sœurs : la réalisation et l’histoire comporte quelques différences. J’ai trouvé les deux films aussi intéressants l’un que l’autre, avec deux ambiances bien particulières ! 

 

• Fight Club de David Fincher. Le narrateur et personnage principal du film rencontre son nouveau meilleur ami, Tyler Durden, lors d’un voyage d’affaire. Alors qu’il se trouve au plus bas mentalement, Le caractère décomplexé et enjoué de Tyler va lui donner le coup de boost dont il avait besoin dans sa vie. Mais va également l’entraîner sur une pente de plus en plus glissante… Un film jouissif qu’il ne faut pas vous spoiler ! Tiré du livre de Chuck Palahniuk tout aussi déjanté.

 

 

Et vous, quelles sont vos recommandations ?

 

 

Photo de couverture par Camila Quintero sur Unsplash