Parlons de … Six Versions et le documentaire version True crime

Six versions et le true crime

Sous le prétexte fascinant d’un podcast revenant sur des affaires classées, le roman Six Versions nous plonge dans l’univers captivant du « true crime« . L’écriture fluide et structurée nous permet de nous immerger aisément dans le récit, tandis que les interviews des personnes liées de près ou de loin à l’affaire criminelle ajoutent une dimension authentique. Bien que l’œuvre soit une fiction, le ton réaliste et le développement approfondi des personnages créent l’illusion de véritables individus. L’auteur excelle dans la retranscription des personnalités et dresse des portraits psychologiques saisissants.

Cette construction du roman tout en suspense et en réalisme nous conduit naturellement vers l’univers des documentaires « true crime« . Tout comme vous pourrez trouver une sélection de livres à lire si vous aimez le sujet, je souhaite vous présenter maintenant une sélection de documentaires relatant de véritables affaires criminelles. Ces vidéos nous offrent une immersion inédite dans l’univers sombre du crime, mettant en lumière des narrateurs engagés, des interviews poignants et des histoires sordides.

Le « true crime » : (ou documentaire criminel) est un genre qui vient des États-Unis. Au début plutôt littéraire, il s’est vu décliner en vidéo et en podcasts. Il s’agit de relater, au plus près des détails, une affaire criminelle. L’auteur des crimes et ses victimes y tiennent la première place.

Sans plus tarder, voici mes recommandations pour captiver les amateurs de mystère et de réalisme criminel.

• L’arnaqueur de Tinder de Felicity Morris. Un documentaire qui a déjà suscité beaucoup d’attention, tant il est prenant et intéressant ! Grâce à un sens aigu du suspense et de la mise en scène, et alimenté par les témoignages de 3 de ses victimes, nous suivons avec intérêt l’histoire de Simon Lievev. Cecilie Fjellhøy, Pernilla Sjoholm, Ayleen Charlotte ont décidé de raconter leurs histoires pour mettre un terme à cette mascarade qui les a plongées dans des dettes monstrueuses. Simon Lievev a sévi sur Tinder avec une méthode bien ficelée, parvenant à extorquer de l’argent à plus de 180 femmes à travers le monde sans éveiller leurs soupçons. À la fois, course poursuite, révélation d’une arnaque sentimentale et d’une manipulation financière dévastatrice, ce documentaire Netflix offre une expérience aussi captivante qu’une bonne série policière.

• L’homme le plus détesté d’internet de Alex Marengo. L’homme le plus détesté d’internet se nomme Hunter Moore. Après avoir visionné ce documentaire, vous non plus ne trouverez aucune qualité à cet individu égocentrique et narcissique. Découvrez par vous-même les raisons derrière cette aversion, mais sachez que l’histoire débute au début des années 2010, lorsque qu’une mère de famille tente d’aider sa fille à retirer des photos compromettantes qui ont fuité sur la toile. Sa détermination et son courage la guident à tirer sur un fil, révélant ainsi tout un pan d’internet alors largement méconnu du grand public. Vide juridique et harcèlement en ligne ne font pas bon ménage. On assiste, entre autres, à la naissance du « revenge porn« . Une belle leçon sur le savoir-vivre et la protection de ses données en ligne.

Le « revenge porn » ou la vengeance pornographique.

Consiste à se venger d’une personne en rendant publics des contenus pornographiques où figure cette dernière, dans le but évident de l’humilier en dévoilant son intimité. Ces contenus peuvent être réalisés avec ou sans l’accord de l’intéressé (e), mais sont diffusés sans son consentement. Cette pratique inclut aussi bien les photos et les vidéos que les propos à caractère sexuel tenus à titre privé. Définition du site e-enfance, qui agit pour un « monde numérique responsable ». 

• Tickled de David Farrier et Dylan Reeve. Pour les amateurs de sujets à la fois bizarres et fascinants, préparez-vous à une expérience inédite ! Tout comme le journaliste au début de son enquête, on ne comprend pas bien où on met les pieds… David Ferrier décide de se renseigner sur d’étranges compétitions rémunérées de chatouilles. Le sujet semble à la fois amusant et étrange, il est intrigué. Seulement, les organisateurs refusent de répondre à ses interviews en raison de… l’homosexualité du journaliste ? Et vont jusqu’à proférer des menaces de poursuites judiciaires. Évidemment, tout ceci renforce l’attrait du journaliste pour ces étranges compétitions ! Le documentaire se termine sur une fin ouverte, mais pas de panique, la conclusion est disponible sur Youtube : the Tickle King (par contre, c’est en anglais). 

Des documentaires plus sombres

• The keepers de Ryan White. On pénètre dans les documentaires plus sordides avec cette histoire mêlant religion, abus sexuels et meurtre dans une école chrétienne. Dans les années 60, sœur Cathy Cesnik, professeur au lycée Seton Keough High School de Baltimore, est assassinée. Son meurtre ne sera jamais résolu. Le documentaire, conçu comme une série, donne la parole à certaines anciennes étudiantes de l’école. Elles soupçonnent les autorités d’avoir dissimulé le meurtre de Cesnik, cette dernière suspectant le prêtre de l’école, A. Joseph Maskell, d’abus sexuels et de viols. À la fois glaçant et révoltant, le documentaire expose les actes condamnables de l’Église.

• Keep sweet, pray and obey de Rachel Dretzin. On continue d’explorer le domaine religieux avec l’accumulation de crimes d’un leader de culte fondamentaliste chrétien, pourtant adoré par sa communauté. Warren Jeffs, gourou aux 468 enfants, a su faire une ascension fulgurante au sein de la secte de son père et en reprendre les rênes. S’aventurant toujours plus loin dans la démesure et l’illégalité, le documentaire dépeint l’escalade d’abus de tout genre, sans que personne ne semble réagir. Une mini-série décrivant très bien le système des sectes, leurs dérives et leurs dangers. 

Des affaires qui s’étalent sur le temps

• Making a murderer de Laura Ricciardi et Moira Demos. Un documentaire de longue haleine puisqu’il court sur plus de 13 ans. Steven Avery est inculpé pour agression sexuelle. Il est relâché au bout de 18 ans lorsqu’un test ADN vient prouver son innocence. À peine deux ans plus tard, le voilà de nouveau poursuivi en justice, pour meurtre cette fois. Son neveu est lui aussi poursuivi, pour complicité. Les deux hommes n’auront de cesse de prouver que la police du comté, déjà mise en faute pour la première arrestation injustifiée, est corrompue et contre eux. C’est une affaire difficile mais très prenante. Elle dénonce les jeux de pouvoirs qui se trament au sein de la police américaine. 

• Don’t f**k with cats de Mark Lewis. En 2010 Luka Magnotta poste sur internet une vidéo de lui s’amusant à torturer des chats. Choqués, un groupe de détectives amateurs se met en tête de le faire arrêter pour ses crimes. Cependant, leurs efforts infructueux attirent l’attention sur le jeune homme et ne font qu’accroître son désir d’être sous les feux des projecteurs. Persistant dans leur traque, les détectives du net se retrouvent bientôt confrontés à un Luka développant rapidement des tendances psychopathes. La chasse vire rapidement au cauchemar, car Luka semble déterminé à repousser sans cesse les limites de l’horreur. 

Un documentaire percutant

Don’t f**k with cats est le documentaire qui m’a le plus marqué. Le passage en particulier où l’un des enquêteurs revient sur l’affaire. Il se demande à quel point lui et les autres membres du groupe sont responsables de ce qui s’est passé par la suite. Ils ont nourri le criminel de leur attention. Peut-être que les choses ont empiré à cause d’eux, peut-être pas… Revenir sur cette responsabilité et sur le bien-fondé de leur quête de justice m’a fait me poser beaucoup de questions sur ce qui est légitime ou pas. Sur les conséquences de nos actions, même quand on est persuadé de faire le bien… 

Attention, si comme moi, vous n’aimez pas regarder la souffrance animale, certains passages sont vraiment durs.

Vous avez déjà vu des documentaires qui vous ont fait réfléchir comme ça?

Image de Jonathan Farber sur Unsplash